J’ai eu le plaisir d’assister à la 1ère rencontre intersyndicale des Hauts de Seine pour faire avancer l’égalité professionnelle femmes/hommes dans l’entreprise, le 22 septembre dernier à La Défense. C’est dans le cadre de la déclinaison du Plan régional d’égalité d’accès à l’emploi et dans le travail que s’inscrit une première rencontre thématique intersyndicale sur l’égalité professionnelle.
A l’initiative de la Mission départementale aux droits des femmes et à l’égalité (Direction départementale de la cohésion sociale), cette action s’organise en partenariat avec la Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi et 5 organisations syndicales : CFDT, CFE-CGC, CGT, FO, UNSA.
Cette rencontre vise à aider les actrices et acteurs du monde du travail, et plus particulièrement les militant-e-s syndicaux-ales, à remplir plus activement et plus efficacement leur mission de représentation et de défense des salarié-e-s sur le champ de l’égalité professionnelle.
Cet événement a été animé par le cabinet Emergences (institut de formation, de conseil et d’expertises auprès des instances représentatives du personnel).
Contexte de cette rencontre
Brigitte Grésy, auteure des rapports sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes et inspectrice générale des affaires sociales, a introduit la thématique de cette rencontre.
Brigitte Grésy a fait un zoom sur les mesures existantes concernant l’égalité professionnelle et a proposé des axes de solutions pour avancer plus rapidement sur les thématiques de l’articulation des temps de vie, de l’égalité professionnelle femmes-hommes et de la parentalité en entreprise. Notamment, simplifier le code du travail, travailler sur un système de reporting clair et efficace et mettre en place des mesures en entreprise pour que la parentalité s’exerce tout au long de la vie. Je vous invite à consulter son dernier rapport : “Egal accès des femmes et des hommes aux responsabilités professionnelles et familiales dans le monde du travail”, juin 2011.
Une négociation avec les organisations syndicales et Madame Roselyne Bachelot aura lieu à l’automne sur la thématique de l’articulation des temps de vie en entreprise. Un projet de loi verra le jour d’ici début 2012. A suivre…
Table ronde et débat
Les invités de cette table ronde sont :
- Françoise Lignier, l’Observatoire Fédéral des Conditions de Travail de la Fédération Education, Recherche et Culture de la CGT (FERC OFCT CGT),
- Clotaire Massengo, chargé d’études à la Mission de lutte contre les discriminations et de promotion de l’égalité au sein du Défenseur des droits,
- Iulia Sala, chargée de mission à l’Observatoire de la Responsabilité Sociale des Entreprises (ORSE).
Françoise Lignier pose le débat en rappelant qu’il est nécessaire d’avoir une réflexion sur les conditions du débat social c’est à dire de bien analyser la question de l’organisation du travail et de ses conditions. En effet, le temps et le rythme de travail ne sont pas satisfaisants pour les femmes. Quelles sont les organisations alternatives ? Que signifie un travail de qualité ?
Clotaire Massengo poursuit la table ronde en donnant des exemples de discriminations liées au sexe et à l’état de grossesse. Environ 10 % des réclamations portent sur ces 2 thématiques.
Iulia Sala nous éclaire sur les points d’attention en entreprise sur la thématique de la parentalité et les points de négociation. Elle nous fait part également des différents types d’accords d’entreprise traitant de la parentalité. Il est essentiel d’avoir le même niveau de compréhension et de connaissance avant de négocier un accord et notamment de partager le diagnostic. Et, de réfléchir aux dispositifs de communication vers les salariés. Rachel Silvera, économiste et François Fatoux (ORSE) ont analysé les accords d’égalité professionnelle femmes-hommes qui traitent de la parentalité et de la place des pères. Les entreprises adoptent différentes stratégies :
- des dispositifs uniquement pour les femmes,
- des dispositifs généraux
- des dispositifs de formation et de sensibilisation
- des dispositifs concrets dédiés aux hommes comme par exemple chez Bayer Santé, l’accompagnement “Papa Poule” ou bien le maintien du salaire pendant le congé paternité, la transformation du 13ème mois en 22 jours de congé, un congé pour les familles monoparentales ou homoparentales.
Vous pouvez consulter l’analyse complète ici.
Iulia conclut la table ronde en insistant sur les stéréotypes à l’égard des hommes. Selon l’étude Catalyst, les normes masculines sont toujours en vigueur dans notre société : il faut être un gagnant, se comporter comme un homme, dissimuler ses émotions et faire partie d’un clan…Pour que l’égalité professionnelle femmes-hommes avance en entreprise, il faut promouvoir la parentalité au masculin dans l’entreprise.
Intervention de Blandine Métayer, “Je suis top !”
Vous vous souvenez très certainement de ma rencontre avec Blandine Métayer, comédienne (interview). Elle nous a fait le plaisir de jouer un court extrait de son spectacle qui met en évidence les inégalités “femmes-hommes” et des difficultés pour une femme de parvenir à un poste à haute responsabilité, encore aujourd’hui dans une entreprise.
Ateliers – mise en situation
L’organisation d’ateliers de réflexion avec l’ensemble des participants et invités des tables rondes est une idée très originale. Deux groupes ont travaillé sur les thématiques suivantes :
- la parentalité et vie professionnelle
- la management, organisation du travail et gestion du temps.
Le support utilisé pour cette réflexion est une bande dessinée destinée à sensibiliser les acteurs de l’entreprise sur les stéréotypes envers les femmes et les hommes, conçue par Delphine Fourcade, Déléguée régionale Egalité femmes-hommes à l’Union régionale de la CFDT.
J’ai participé à l’atelier “la parentalité et vie professionnelle”. A partir de la planche de bande dessinée, il fallait réfléchir aux difficultés d’une salariée - mère de famille et à celles d’un salarié-père de famille, aux conséquences de ces difficultés sur la vie professionnelle et familiale. Et enfin, analyser quels cadres de négociation peuvent permettre d’introduire des mesures pour améliorer la situation des salarié-e-s parents en matière d’articulation des temps de vie professionnelle et familiale.
Les stéréotypes ont encore la vie dure surtout vis à vis des salariés-papas. La parentalité ne concerne pas uniquement les enfants en bas âges mais aussi les adolescents et la prise en charge des parents dépendants.
Les syndicats ont un rôle majeur dans la négociation collective sur la thématique de l’articulation des temps de vie en entreprise. Et, à ce titre, ils doivent être formés pour accompagner les dirigeants d’entreprise dans leur réflexion.
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Source : couverture du livre “Egalité professionnelle entre les hommes et les femmes ; guide et repères pour la négociation” ; Liaisons Sociales, 2007