Je souhaite vous présenter Olivier Hoeffel, rencontré sur la toile lors de ma veille sur le sujet de l’articulation vie professionnelle – vie personnelle. En effet, Olivier Hoeffel est consultant en qualité de vie au travail. Il est l’un des créateurs du site laqvt.fr sur la qualité de vie au travail et également de Novéquilibres.
Olivier, pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours professionnel ?
On dit quelques fois que l’informatique mène à tout, alors je peux dire que je suis une confirmation de cette expression qui pourrait être, j’imagine, aussi vraie ou aussi fausse pour d’autres professions. Mon diplôme d’ingénieur en poche, j’ai intégré une petite entreprise spécialisée en informatique scientifique. Sa croissance, mes capacités et mes envies professionnelles m’ont permis d’occuper des postes touchant successivement au management d’équipe, à l’assurance qualité (Directeur Qualité) et enfin aux ressources humaines en tant que DRH. Je me suis intéressé pendant plusieurs années au stress et ça m’a conduit à créer l’association AFIRTESS (Association Française d’Information sur la Relation entre Emotions, Stress et Santé). En parallèle, j’ai créé une activité de coaching, dont un axe était la gestion du stress.
Ayant considéré ce sujet d’un point de vue biologique et psychologique, indépendamment des sphères de vie, il m’a semblé important d’en étudier les tenants et aboutissants dans la sphère professionnelle et d’élargir ma vision au delà de la réaction de stress. C’est ainsi que j’ai passé un diplôme universitaire de gestion des risques psychosociaux à l’Université de Bourgogne en 2008.
Pourquoi vous êtes-vous intéressé au sujet de la qualité de vie au travail ?
A l’occasion de ma préparation de mon DU de gestion des RPS, je me suis interrogé sur la façon dont la Belgique abordait le même type de sujet mais à travers un vocable différent : le bien-être au travail. J’ai poursuivi cette réflexion pendant quelques mois et je me suis intéressé aux concepts proches de celui du bien-être au travail et j’ai élargi au concept de bien-être en général.
Je me suis arrêté ainsi sur le concept de qualité de vie dont l’OMS s’est emparé depuis 1994 et qui en a donné une définition[1] particulièrement éclairante de mon point de vue. J’ai d’ailleurs travaillé à un concept personnel « le réseau de sphères » pour comprendre la qualité de vie à travers les différentes sphères de la vie et leurs influences mutuelles.
Le concept de qualité de vie au travail, bien que considéré comme flou pour l’instant, m’a paru porté en lui beaucoup d’atouts pour la compréhension des enjeux et pour ses liens avec le concept plus général de « qualité de vie » et encore plus général de « qualité ».
Pour sortir du concept et évoquer l’approche, je suis tout à fait convaincu qu’une démarche qualité de vie au travail permet d’aborder un certain nombre de sujets sur la travail de manière plus apaisée, plus positive et plus coopérative que l’approche des risques psychosociaux sur laquelle les dirigeants sont incités fortement à se positionner (démarche plus subie que choisie) avec par ailleurs un fond de stigmatisation peu favorable à une vraie coopération.
Quelle est l’origine de la création de votre activité « consultant en qualité de vie au travail » ?
J’ai décidé de créer mon activité au sein de la coopérative COOPANAME située en région parisienne. Cette coopérative originale permet à des personnes souhaitant développer une activité indépendante ou en équipe de créer leur emploi tout en partageant des valeurs communes (solidarité, coopération, responsabilité, épanouissement,…). Nous construisons cette coopérative mutuellement et ce de manière démocratique (principe fondateur des coopératives). L’idée est de faire vivre une mutuelle de travail.
Je suis entré dans cette coopérative dans l’idée de rechercher une coopération avec des professionnels aux compétences et activités complémentaires dans la mesure où l’amélioration de la qualité de vie au travail est une démarche qui nécessite une approche systémique avec une équipe pluridisciplinaire.
C’est ainsi que nous avons constitué avec mes 8 coéquipiers une équipe autour de la marque Novéquilibres et que nous nous sommes donnés pour mission, au-delà de proposer nos services aux organisations, de porter loin le message de la qualité de vie au travail et du concept en tant que tel à travers la création d’un site d’actualité sur la qualité de vie au travail : laqvt.fr
D’après votre expérience, quelles sont les principales attentes des hommes et des femmes sur ce sujet d’actualité ?
Avant de répondre à votre question, je voudrais vous exposer une idée qui m’est chère : la qualité de vie au travail nous appartient à la fois collectivement et individuellement. Pour moi, ce n’est pas un droit à exiger, mais des actions à co-construire. C’est votre mot « attente » qui m’a fait dévier de votre question car je trouve que dans bien des cas les individus se figent dans des attitudes d’attente. C’est aussi une responsabilité individuelle et je suis persuadé que chacun de nous peut s’en emparer.
Dans les attentes fortes, je vais citer en premier lieu celle qui vous est chère et qui monte en puissance : celle de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Attente particulièrement exprimée par la génération Y.
En deuxième lieu, je rejoins Yves Clot sur la dimension de fierté du travail. En tant qu’ex-qualiticien, c’est un sujet que j’ai redécouvert avec un œil différent, et en particulier sur ses relations avec le sujet de la reconnaissance, autre attente forte de mon point de vue.
Les attentes sont nombreuses et chacun voit midi à sa porte bien évidemment. Outre celles que j’ai déjà mentionnées, je signalerai l’ambiance, l’environnement de travail, l’intérêt du travail et les conditions de trajet entre le domicile et le travail. La rémunération constitue aussi une attente forte pour certains, mais la réalisation des attentes sur d’autres sujets de la qualité de vie au travail rend cette attente moins vive. Mais évidemment, il y a un seuil minimal pour chacun au-dessous duquel, le sujet de la rémunération ne peut être que prégnante.
Pouvez-vous nous donner quelques exemples d’interventions en entreprise sur la qualité de vie au travail ?
Quand nous avons constitué notre équipe Novéquilibres, il me paraissait tout à fait primordial que la dimension communication soit présente. Avec Sophie Courmont, mon binôme du comité exécutif de Novéquilibres, nous avons réfléchi à la façon dont la communication interne des organisations pouvait contribuer à une meilleure qualité de vie au travail. L’accord national interprofessionnel sur le stress au travail avait bien identifié la dimension de la communication comme potentielle cause de stress au travail si elle est insuffisante.
Nous avons proposé à des organisations de promouvoir la qualité de vie au travail à travers des séminaires de sensibilisation et le développement de la convivialité avec comme vecteur central la communication interne. Pour un sujet aussi novateur que la qualité de vie au travail, c’est une bonne façon de créer un état d’esprit favorable à l’amélioration de la qualité de vie au travail et donc le déroulement d’une démarche comportant successivement des étapes d’analyse, de construction de plans d’action et d’évaluation. Nous proposons concrètement des ateliers ludiques pour que chacun s’approprie le concept dans ses différentes dimensions. Il s’agit de susciter l’envie de coopérer sur la co-construction d’actions court, moyen et long terme.
Un autre exemple d’intervention me ramène quelques années en arrière quand j’étais informaticien. Il s’agit de ce que certains appellent le technostress. L’usage des nouvelles technologies dans les organisations peut provoquer des difficultés à la fois au niveau collectif en terme de performance et d’ambiance et à la fois au niveau individuel, avec des débordements potentiels sur la vie personnelle. Nous intervenons pour analyser avec les différentes parties prenantes de l’organisation l’usage des nouvelles technologies et les aider à concevoir différents niveaux d’actions, selon le principe déjà évoqué d’articulation entre actions collectives et actions individuelles.
Parlez-nous de ce personnage, le Professeur Bossondur. Comment est-il né et quels sont les messages que vous souhaitez transmettre au travers de ce personnage ?
J’ai envie de vous répondre en préalable par un extrait du monologue d’Edouard Baer dans le film Astérix et Cléopâtre « …Moi, si je devais résumer ma vie aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres !... ». Lorsque nous avons réfléchi à la conception du site laqvt.fr, nous voulions intégrer une rubrique décalée. L’idée d’un personnage décalé, professeur est assez rapidement venu, sans que nous lui ayons beaucoup donné de consistance au départ.
Et c’est grâce à ma rencontre peu commune avec Eric Averlant que s’est trouvé incarné le Professeur Bossondur. J’ai une très grande admiration autant pour son talent d’artiste que pour l’homme et en particulier pour sa très grande générosité et son humilité.
Nous avons travaillé tous les deux pour donner plus de corps au Professeur Bossondur. C’est une aventure tout à fait extraordinaire pour moi, puisque j’ai pu faire coïncider deux sphères de ma vie : la sphère artistique et la sphère professionnelle. Cela faisait plusieurs années que j’écrivais des pensées et des sketchs, et me voilà donc devenu coauteur des impertinences du professeur Bossondur. Je précise que la websérie dont vous pouvez voir les premiers épisodes a été réalisée par une toute petite équipe de bénévoles et que nous souhaitons donner plus d’ambitions à ce programme.
Le professeur Bossondur porte globalement l’inverse des valeurs que nous portons chez Novéquilibres puisqu’il intervient dans une rubrique décalée. Nous nous sommes tout de même fixés des limites puisque ce personnage n’a pas vocation à être méchant ni trop marqué par le cynisme. Il a volontairement un air désuet et débonnaire ainsi qu’un côté parternaliste.
Souhaitez-vous ajouter autre chose ?
Oui. Je veux vous remercier pour l’intérêt que vous portez à nos initiatives et à ma propre personne. L’équipe éditoriale de laqvt.fr se fera un plaisir de vous recevoir sur son site pour que vous apportiez votre éclairage sur la dimension d’articulation vie professionnelle vie privée tout à fait importante de la qualité de vie au travail, en lien avec la RSE.
Merci beaucoup Olivier pour cette interview et j’accepte avec grand plaisir votre invitation !
Visitez ses sites internet : novequilibres.fr et également laqvt.fr et n’hésitez pas à laisser des commentaires et à poser des questions à Olivier Hoeffel !
[1] la perception qu’a un individu de sa place dans l’existence, dans le contexte de la culture et du système de valeurs dans lesquels il vit, en relation avec ses objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes. Il s’agit d’un large champ conceptuel, englobant de manière complexe la santé physique de la personne, son état psychologique, son niveau d’indépendance, ses relations sociales, ses croyances personnelles et sa relation avec les spécificités de son environnement
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