J’ai eu le plaisir d’échanger virtuellement avec Marianne Roberge grâce aux réseaux sociaux et de découvrir son cabinet de conseil KOEVÄ implanté au Québec. Je la remercie de nous faire partager son expérience au travers de son interview.
Marianne, pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours professionnel ?
En fait, je détiens un baccalauréat en éducation préscolaire et en enseignement primaire. Après avoir œuvré 3 ans dans le domaine, j’ai réorienté ma carrière afin d’occuper un poste de directrice des ressources et de la communication au sein d’une PME. Cette expérience de 7 ans m’a permise d’apprendre à gérer plusieurs aspects de l’entreprise mais surtout à prendre conscience de la réalité du marché du travail d’aujourd’hui, considérant ses impacts sur l’attraction et la fidélisation du personnel qualifié. En 2010, après avoir suivi une formation à la TELUQ, traitant essentiellement de la conciliation travail-famille et dirigée par Madame Diane-Gabrielle Tremblay, j’ai senti l’intérêt personnel et professionnel de faire le saut dans le monde des affaires en tant que conseillère en conciliation travail-famille.
Quelle est l’origine de la création de KOEVÄ ? Pourquoi avoir choisi ce nom ?
Lors de la création de l’entreprise, il était primordial à mes yeux que le nom et l’image reflètent la mission et les valeurs en lien avec la conciliation travail-famille que je désirais partager. J’ai donc inventé le mot KOEVÄ qui se représente sous l’acronyme :
KO : Collaboration
E : Équilibre
V : Valeurs
A : Avantages
De plus, le style graphique du nom ainsi que les trémas ajoutés sur le « A » font référence à la langue des pays scandinaves, peuples à l’avant-garde en matière de conciliation travail-famille.
La mission de KOEVÄ est de faire de la conciliation travail-famille une valeur prépondérante tant au sein des organisations que des familles. Je souhaite agir de manière concrète et selon le rythme de chacun afin d’assurer l’atteinte des objectifs. KOEVÄ est la seule entreprise québécoise à offrir une gamme complète de services spécialisés en conciliation travail-famille tant auprès des entreprises, des familles que des organismes communautaires.
Aux yeux de KOEVÄ, une conciliation travail-famille réussie c’est un ensemble d’actions de mise en commun des forces de chacun. L’individu prend conscience de ses valeurs et du pouvoir d’action qu’il détient sur sa vie, l’employeur peut ainsi mieux cibler les mesures qu’il doit mettre en place afin de favoriser la fidélisation et l’attraction du personnel qualifié.
Pourquoi vous êtes-vous intéressée au sujet de la conciliation travail-famille dans les entreprises ?
Maman de deux filles de 10 et 5 ans, je me suis rapidement aperçue que la conciliation travail-famille demeure un défi constant que les parents s’efforcent de relever à tous les jours. Dès le jeune âge de mes enfants, j’ai donc été proactive dans les demandes d’accommodement envers mon employeur. De surcroît, le fait d’être directrice des ressources humaines me plaçait souvent dans une situation complexe car je recevais des demandes de la part des employés vivant des problématiques à cet égard, tout en devant répondre aux exigences établies par le comité de direction.
Evidemment l’évolution du marché de l’emploi et le manque de ressources qualifiées en proportion avec les postes à combler ne sont pas contraires à mon choix d’affaires. Je tenais à présenter un accompagnement professionnel spécialisé en conciliation travail-famille de manière assurer aux entreprises un service de qualité et qui pourrait s’adapter à leur réalité organisationnelle. En entreprise, tout roule vite et le fait de bénéficier d’une ressource externe qui s’implique tout au long du projet, venant présenter une vision autre que celle qui est perçue par l’équipe, favorise l’atteinte des objectifs. Je souhaitais être cette personne clé qui prendrais part au comité de discussion et d’élaboration.
Que proposez-vous aux entreprises qui souhaitent s’engager dans une politique de conciliation travail-famille ?
En premier lieu, je leur mentionne toujours l’importance de respecter les valeurs et le rythme auquel la direction est prête à évoluer dans un tel projet. Bien qu’il faille oser et parfois surpasser nos craintes pour obtenir des résultats, ce qui est souvent le cas, il ne faut pas aller au delà de ce que la structure organisationnelle est prête à supporter sans quoi les impacts seront négatifs. Les employés reconnaissent les efforts de leur employeur mais apprécient moins un recul devant des acquis. C’est la nature humaine qui est comme cela. Mieux vaut donc bien calculer les coûts financiers et organisationnels engendrés par la mise en place de mesures, au même titre que les bénéfices à en retirer.
La communication de la démarche au sein de l’entreprise est également primordiale et tributaire du succès du projet. Les objectifs à atteindre et les limites de l’entreprise doivent être clairement diffusés et la nécessité de déterminer un responsable de la conciliation travail-famille afin que les employés puissent avoir la possibilité de poser leurs questions est un incontournable. La mobilisation de tous les membres de la direction est aussi primordiale afin de véhiculer les valeurs en lien avec la politique qui est élaborée. C’est un travail d’équipe !
Par le fait même, l’écoute des besoins du personnel est aussi gage de réussite considérant que les mesures sélectionnées répondront à une demande et non seulement à un essai et erreur tenté par l’entreprise. Les employés seront toujours les mieux disposés à cibler les problématiques qui requièrent un soutien ou un accommodement particulier en lien avec la conciliation travail-famille.
Comment êtes-vous accueillie au sein des entreprises ?
Tout dépend des milieux ! Certains dirigeants démontrent une belle ouverture et croient aux bénéfices à retirer d’une démarche d’implantation de mesures en conciliation travail-famille. D’autres sont plus frileux et craignent que les employés en redemandent toujours plus. À ceux-là, je réponds que nous sommes tous humains et qu’il est normal d’aspirer à mieux mais qu’il en revient à eux de présenter leurs limites de manière claire en expliquant la raison de leurs choix. Les employés reconnaissent habituellement les efforts de l’employeur, ce qui favorise la mobilisation et le respect. Il ne faut surtout pas s’empêcher de bonifier les mesures de conciliation travail-famille par peur de perdre le contrôle. Par ailleurs, chaque entreprise doit aller à son rythme et c’est pour cette raison que certains seront plus avant-gardistes que d’autres. KOEVÄ est là pour les appuyer les entreprises dans leur démarche, peu importe leur niveau d’aisance.
Le fait que le gouvernement ait lancé une norme spécifique à la conciliation travail-famille a-t-elle fait évoluer les mentalités au Québec ?
Certainement, je crois que tous efforts mis en place pour faire avancer la cause engendrent un impact positif, qu’il soit petit ou grand. La norme Conciliation travail-famille est encore toute jeune et la certification des entreprises se concrétise au compte-gouttes mais je suis convaincue que les demandes seront croissantes dans les mois et années à venir. L’autre élément qui favorise grandement présentement la mobilisation des entreprises québécoises est certainement le Programme de soutien financier aux milieux de travail en matière de conciliation travail-famille du Ministère de la Famille et des Aînés du Québec. Il permet d’obtenir un remboursement considérable des coûts liés aux honoraires du conseiller ainsi qu’au développement d’outils élaborés dans le cadre de la démarche d’implantation de mesures. Souvent, cette disponibilité de fonds devient le levier pour convaincre les décideurs d’aller de l’avant.
Quels sont les premiers retours dans les entreprises au Québec ?
Les impacts d’une démarche d’implantation de mesures en conciliation travail-famille se perçoivent à court, moyen et long terme. Dès l’annonce du projet, les employés accueillent la nouvelle positivement et démontrent une certaine fierté de pouvoir mentionner qu’ils œuvrent au sein d’une organisation proactive en la matière. Comme de plus en plus d’entreprises offrent maintenant des mesures de conciliation travail-famille, elles s’affichent à ce titre lors de présentation d’offres d’emploi. Il n’est plus rare de voir mentionnées clairement les mesures disponibles en entreprise sur les kiosques lors des salons de l’emploi et de carrières. L’attraction est directe et les candidats se sentent interpelés.
Au quotidien, les politiques de conciliation travail-famille diminuent l’absentéisme et le présentéisme. Le stress vécu par les travailleurs se fait moins sentir et ces derniers se sentent davantage à l’aise de discuter des problématiques qu’ils vivent, sans être jugés. Le risque de blessures est également diminué, surtout dans les milieux manufacturiers. Tout cela entraîne une augmentation de la productivité car lorsque l’on se sent outillé et soutenu pour faire face aux différentes situations familiales, on est mieux concentré à la tâche. La notion de plaisir au travail prend alors un autre sens et la fidélisation du personnel n’en est pas inconnue.
Souhaitez-vous ajouter autre chose ?
Faut-il le rappeler mais toute la population doit se sentir concernée par la conciliation travail-famille, que l’on soit jeune parent, travailleur plus âgé ou que l’on doive offrir du soutien à un parent ou à un proche vieillissant ou malade. Delà l’importance de prévoir des mesures qui permettent d’être présent auprès de nos proches au moment où ça compte.
Merci beaucoup Marianne pour cette interview.
Visitez son site internet : http://koeva.ca/ et n’hésitez pas à laisser des commentaires et à poser des questions à Marianne Roberge !