J’ai eu le plaisir d’interviewer Véronique Darmangeat, consultante en lactation, le 24 mai 2010 pour vous faire partager et vous faire découvrir un nouveau service aux salariés, Lactissima.
Aujourd’hui, Véronique Darmangeat publie un ouvrage « Allaiter et reprendre le travail ». J’ai eu l’honneur d’en écrire la préface.
Avec cet ouvrage, Véronique Darmangeat nous démontre qu’allaiter et travailler c’est possible ! Encore, faut-il être bien informée et également accompagnée par son entreprise dans cette démarche innovante.
L’auteur nous fait le plaisir de répondre à quelques questions concernant l’histoire de cet ouvrage et également sur la mise en action dans les entreprises.
Véronique, comment vous est venue l’idée d’écrire un ouvrage sur la thématique de l’allaitement et de la reprise du travail ?
Un tel livre n’existait pas en France. Je voulais vraiment que les femmes puissent avoir accès à un guide pratique complet leur permettant de répondre à toutes leurs questions. Le seul autre livre sur ce sujet n’aborde pas la question du sevrage qui est pourtant une question centrale pour beaucoup de femmes. Je voulais donc un livre qui puisse également y répondre.
En quoi cet ouvrage se différencie-t-il des autres livres consacrés à l’allaitement ?
Ce livre est spécifique sur la reprise du travail. Je n’y aborde que les questions ayant un rapport avec cette reprise mais en proposant des solutions détaillées et pratiques.
Comment la France se positionne-t-elle sur la question de l’allaitement par rapport aux autres pays ?
Tout dépend avec quels pays la comparaison est faite. Si l’on prend l’exemple des pays nordiques, l’allaitement y est beaucoup plus développé mais le congé maternité y est aussi beaucoup plus long. La plupart des femmes sèvrent leur bébé pour la reprise du travail mais celui-ci a alors en général un an. A contrario, aux Etats-Unis, il n’y a pas de congé maternité prévu pour toutes les femmes. Les mères qui veulent allaiter doivent donc concilier travail et allaitement et là bas, il n’est pas rare de voir des femmes tirer leur lait sur leur lieu de travail.
En France, les taux d’allaitement augmentent régulièrement et le nombre de femmes qui travaillent également. La question de l’allaitement à la reprise du travail se pose donc de plus en plus souvent. Beaucoup de femmes essaient de faire prolonger leur congé maternité pour préserver leur allaitement alors que des mesures simples permettent de poursuivre l’allaitement après la reprise du travail.
En France, il y a une loi qui prévoit l’allaitement au travail et qui stipule que « chaque salariée allaitant son enfant dispose pour ce faire d’une heure par jour sur son temps de travail, jusqu’au premier anniversaire du bébé » (Code du travail, décret d’application en mars 2008). Comment les entreprises s’emparent-elles de ce sujet ? Avez-vous des exemples de bonnes pratiques ?
Les entreprises ne s’emparent pas du tout du sujet et ignorent la plupart du temps ces articles du code du travail. Les femmes qui annoncent leur volonté de tirer leur lait au travail ont souvent du mal à trouver seulement une pièce disponible un quart d’heure deux fois par jour.
Les femmes se tournent alors souvent vers le service de santé au travail lorsqu’il y en a un dans l’entreprise et ce sont les médecins du travail qui rencontrent ces femmes et leur permettent de tirer leur lait dans leur service.
Chez Altran, le médecin du travail a mis en place une salle d’allaitement permettant aux femmes d’y tirer leur lait pendant la journée.
Dans une autre grande entreprise, la crèche d’entreprise a mis en place une salle d’allaitement pour que les mères puissent venir allaiter leur bébé sur place.
Mais dans d’autres pays, de nombreuses entreprises ont mis en place des programmes permettant aux femmes de concilier travail et allaitement. En Australie, on peut voir des entreprises telles que Pfizer ou GE Money satisfaites de tels programmes.
En quoi le fait de prendre en compte l’allaitement en entreprise favorise-t-il l’articulation entre vie professionnelle et vie personnelle ?
Les femmes ont alors la possibilité de conserver ce contact avec leur bébé. Elles repartent au travail en étant plus tranquilles car elles sont intimement persuadées de faire ce qu’il y a de mieux pour leur bébé. Si elles savent qu’elles peuvent poursuivre leur allaitement, elles ne cherchent pas forcément à prolonger leur congé maternité et cela leur donne plus de chance de poursuivre leur carrière en limitant les interruptions.
Il y a, parmi les lecteurs de ce blog, une majorité de personnes travaillant au sein de la fonction Ressources Humaines (DRH, RRH, consultant RH, Directeur des Affaires Sociales, etc…). Quels sont les messages que vous souhaitez leur faire passer ?
Soutenir les femmes qui souhaitent poursuivre l’allaitement nécessite un engagement minime et vous permet d’obtenir :
- une baisse de l’absentéisme pour enfant malade car les bébés allaités sont statistiquement moins malades que les bébés nourris au biberon,
- une hausse de la productivité car vous avez des salariées plus motivées,
- une diminution du turn-over dûe aux femmes qui ne reprennent pas leur emploi après la naissance de leur enfant,
- une loyauté renforcée des employés pour leur entreprise : les femmes que l’on soutient dans leur allaitement sont très reconnaissantes envers leur employeur,
- une plus grande capacité à attirer et retenir les salariés compétents : les femmes qui allaitent sont majoritairement les femmes ayant fait des études et ayant des postes à responsabilité.
Les étapes à suivre sont plutôt simples : utilisation des pauses d’allaitement prévues par le code du travail, prévision d’un espace pour tirer et stocker le lait maternel, mise en place d’une information sur l’allaitement à destination des femmes concernées et mise en place d’une politique d’entreprise sur cette thématique.
Souhaitez-vous ajouter autre chose ?
Je suis intimement persuadée que l’entreprise gagne à soutenir ses salariées allaitantes mais c’est une idée qui doit encore faire son chemin. Si vous souhaitez vous convaincre de l’intérêt des femmes pour cette question, n’hésitez pas à lire les nombreux commentaires sur mon blog A tire d’Ailes (http://www.lactissima.com/a-tire-d-ailes/), consacré à cette question.
Merci Véronique pour cette interview !
Retrouvez Véronique Darmangeat sur son blog « A tire d’ailes », sur son site Lactissima pour les décideurs RH et DG d’entreprises.
Et son livre « Allaiter et reprendre le travail » dans toutes les librairies et également sur Internet, à la Fnac et sur Amazon.
Pour en savoir plus :
« Allaiter et reprendre le travail », Véronique Darmangeat, Editions Chronique Sociale, juin 2012
Prix conseillé : 14,50 euros TTC
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