Je souhaite vous présenter Pascal Roussay qui a participé aux rencontres de l’Education à l’Egalité Femmes-Hommes dans l’enseignement supérieur, organisées par Social Builder (Présidente : Emmanuelle Laroque).
Pascal Roussay est responsable du développement des activités institutionnelles et partenariales à l’APEC (Association pour l’Emploi des Cadres)
Pascal, pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours professionnel ?
J’ai commencé ma carrière comme professeur permanent de gestion des ressources humaines dans une école supérieur de commerce pendant 5 ans, en parallèle de ma thèse de doctorat en psychologie sociale. Ensuite, j’ai été consultant en recrutement rattaché à Bernard Krief, jusqu'à sa tragique disparition, dans le groupe qui porte toujours son nom. J’ai enfin rejoint l’APEC en 1997 pour être successivement consultant en gestion de carrière des cadres en activité, chargé d’affaires grands comptes, responsable du développement régional Nord et Est, jusqu’à aujourd’hui, responsable du développement des activités institutionnelles et partenariales. C’est dans le cadre de cette dernière fonction, que je pilote un projet national cofinancé par le FSE qui s’intitule : Agir durablement et nationalement auprès des entreprises pour l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes.
Vous avez participé au Forum ouvert sur la question des compétences managériales favorisant la mixité dans le cadre de la matinée organisée par Social Builder. Que pouvez-vous nous en dire ? Quelles sont les conclusions de ce forum ?
Tout d’abord je tiens à saluer l’initiative de Social Builder, pour l’organisation des premières rencontres « Education à l’Egalité F-H dans l’enseignement supérieur ».
Et bien que la lutte contre les stéréotypes doit commencer tôt et donc être portée par l’Education National dans son ensemble, l’enseignement supérieur ne doit pas être en reste dans la formation d’étudiants qui occuperont prochainement des postes à responsabilité et prendront des décisions qui contribueront, espérons-le, à faire progresser l’égalité femmes hommes dans le monde du travail.
C’est dans cet esprit que nous avons abordé dans notre forum ouvert, la question des compétences managériales favorisant la mixité dans les organisations.
Il ressort de ce travail collaboratif un certain nombre de constats qui relèvent avant tout des attitudes d’un manager efficace : écoute, empathie, capacité à comprendre ses propres préjugés et stéréotypes et plus encore à comprendre en quoi ils influent sur son management au quotidien, lorsqu’il évalue, recrute, décide des formations utiles au développement professionnel d’un collaborateur… Bref, dans tous ces moments clés du management où se joue soit la reproduction des inégalités, ou bien au contraire, la possibilité de les réduire concrètement. Cependant, si la formation et la sensibilisation des managers et futurs managers sont indispensables, les véritables avantages de la mixité, pour ne prendre que cette dimension de l’égalité professionnelle, ne s’apprennent pas mais s’expérimentent… Autrement dit, il faut dans bien des cas une « injonction à faire », d’une direction générale d’entreprise parfois, des pouvoirs publics le plus souvent, pour mettre en œuvre un changement de posture et en apprécier les retombées positives.
L’APEC propose des actions concrètes pour accompagner les entreprises dans la démarche de l’égalité professionnelle femmes-hommes. Quelles sont-elles ?
Nous avons déployé un projet national en 3 phases comportant 8 actions concrètes.
La première phase était consacrée à l’information et à la sensibilisation des entreprises, la seconde phase à la délivrance d’actions de conseil opérationnelles pour répondre aux exigences de la Loi et la dernière phase, à la capitalisation et à l’essaimage des bonnes pratiques en entreprise.
Ainsi ce sont par exemple, 550 décideurs d’entreprises qui ont assisté à nos matinales d’information sur le thème de l’Egalité Professionnelle ; 201 PME qui ont été accompagnées pour réaliser leur plan d’action voire un accord d’entreprise ; 46 entreprises toujours en cours d’accompagnement pour améliorer leurs processus de recrutement interne et externe et plus de 800 visites d’entreprises qui ont été réalisées par nos 40 consultants dédiés à ce projet.
Et pour 2013, nous avons décidé de pérenniser notre soutien aux PME en les accompagnant gratuitement pour se mettre en conformité avec la Loi, définir les actions prioritaires à mettre en œuvre et disposer rapidement d'une synthèse de situation et d'un plan d'actions. Ce service est accessible sur le site apec.fr http://recruteurs.apec.fr/Recrutement/Vos-services-RH-Apec/Optimiser-les-dispositifs-RH/Obligations-et-Dispositifs-legaux/Objectif-Egalite-Femme-Homme
Comment les entreprises françaises pourraient encore progresser sur cette thématique ?
L’Apec a réalisée en 2012, toujours dans le cadre de son projet avec le FSE, une étude auprès de 1000 entreprises sur leurs attitudes et comportements en matière d’égalité professionnelle.
A l’issue de cette enquête nous avons défini une typologie en 5 grandes classes : les « légalistes » (43% des entreprises) qui respectent la Loi et juste la Loi ; les « autruches » (23% des entreprises) pour qui il n’y a pas de problème… chez elles ; les « lucides occupées » (9% des entreprises) qui reconnaissent les problèmes mais avouent qu’elles ont d’autres priorités ; les « désarmées » (également 9%) qui ne voient pas quoi vraiment faire ou faire de plus et enfin, les « motivées satisfaites » (16% des entreprises) qui sont plutôt des grandes entreprises faisant preuve de volontarisme pour respecter la Loi, voire pour aller plus loin.
Chaque entreprise a donc des freins et des leviers spécifiques en fonction de sa situation et des représentations de ses dirigeants, cependant l’on peut dégager quelques constantes pour agir : faire un diagnostic complet de la situation, évaluer les gains ou au contraire les couts des inégalités professionnelles (l’exercice n’est forcément aisé mais particulièrement efficace), impliquer la direction, les managers et les partenaires sociaux, échanger et partager les expériences avec d’autres entreprises…
Voici quelques pistes, parmi d’autres, pour faciliter la mise en mouvement des entreprises.
Pour avoir accès à l’étude complète de l’Apec : http://cestpar.la/690ba2
L’APEC organise également les Trophées de l’Egalité Femmes-Hommes. Pouvez-vous nous en dire un mot ?
Effectivement, les Trophées de l’Apec correspondent à la dernière phase de notre projet avec le FSE, la phase « essaimage et échange de bonnes pratiques ».
Ces Trophées, placés sous le Haut-patronage de Madame Najat VALLAUD-BELKACEM, Ministre des droits des femmes, porte-parole du gouvernement, sont destinés à récompenser les collaborateurs qui ont mis en œuvre ou souhaitent mettre en œuvre dans leur entreprise, en complément des Directions des Ressources Humaines, des actions pratiques et concrètes en faveur de l’égalité professionnelle.
Les projets doivent favoriser, au choix, l’information et la sensibilisation sur le thème de l’égalité Femme-Homme, la mixité des métiers, l’aménagement et l’organisation du travail ou l’équilibre vie professionnelle - vie familiale.
Les récompenses sont attribuées selon 4 catégories, PME, Grandes Entreprises et Organismes publics et parapublics ainsi que Créateurs d’entreprises.
Pour tout savoir et participer : http://tropheesegalite.apec.fr/les-trophees-apec/
Souhaitez-vous ajouter autre chose ?
Oui, le progrès de la condition et des droits des femmes, c’est le progrès pour l’ensemble de la société.
Merci beaucoup Pascal pour cette interview.
Visitez les sites internet de l’APEC : http://www.apec.fr/ et également de Social Builder : http://www.socialbuilder.org/?page_id=698
et n’hésitez pas à laisser des commentaires et à poser des questions à Pascal Roussay !
Pour en savoir plus :
Vous pouvez lire le compte-rendu des Rencontres de l’Education à l’Egalité Femmes-Hommes dans l’enseignement supérieur sur le blog d’Emeline Pasquier, fondatrice et dirigeante de Kumiut :