J’ai rencontré Anne-Catherine Baseilhac, fondatrice et dirigeante de Parenting Conseil, au Forum de la Mixité le 21 décembre dernier lors d’un speed dating business. Le hasard a bien fait les choses !
Parenting Conseil se propose d’accompagner les salariés-parents pour qu’ils puissent développer leurs compétences parentales sur leur lieu de travail pendant le temps de la pause déjeuner. Mais, laissons Anne-Catherine nous expliquer en détail son activité.
Anne-Catherine, pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours professionnel ?
Dès mon diplôme de l’EM Lyon en poche, j’ai choisi l’univers des grandes marques agro-alimentaires, et durant 20 ans, j’y ai acquis une expérience marketing et commerciale passionnante, dans des environnements multi-culturels, et avec un passage aux USA.
Au cours de mes différentes fonctions, le fil conducteur a toujours été la conduite du changement et l’innovation, domaines où le management des hommes et la communication inter-personnelle prennent toute leur dimension.
Mon agenda surbooké a pris une nouvelle tournure avec l’arrivée de mes 3 enfants ! J’ai profité de mon congé parental pour approfondir toutes les compétences liées à mon nouveau métier de mère…puis, à mon retour en entreprise, j’ai mesuré le nouveau challenge qui s’annonçait: concilier vie pro et vie perso et réussir sur tous les fronts !
Pourquoi avoir créé Parenting Conseil ? Quel a été le déclencheur ?
Dans le cadre d’un projet innovant mené pour mon employeur, j’ai travaillé sur l’émergence des préoccupations liées au « bien-être au travail » et à l'équilibre de vie au sein des entreprises ; j’ai analysé les préoccupations des DRH, j’ai vu émerger la fonction de Responsable Diversité, et les enjeux de l’égalité homme-femme ; j’ai constaté que de nombreux parents étaient démunis face à l’exigence de leur rôle de parents quand leur rôle de salarié est déjà très prenant ! Et une plus grande implication des pères dans leur rôle parental ne permettrait-elle pas aux mères de mieux s’investir dans leur carrière, contribuant ainsi à briser le plafond de verre ? L’idée de Parenting Conseil était née !
Convaincue que l'équilibre entre vie professionnelle et vie familiale est devenu un enjeu sociétal pour les entreprises, je décide en 2012 de mettre mes compétences au service de l'évolution des entreprises pour accompagner la parentalité, et je fonde PARENTING CONSEIL.
Que proposez-vous aux entreprises ?
Parenting Conseil est le premier cabinet Conseil et Formation, spécialisé sur les questions de conciliation parentalité et entreprise.
Il apporte une offre de services clé-en-mains à l’entreprise pour proposer à ses salariés une politique innovante de soutien à la parentalité, sur le temps de la pause déjeuner.
Mieux remplir leur rôle de parent leur apporte plus de sérénité et de satisfaction, et contribue à les rendre mieux investis professionnellement.
Parenting Conseil, c’est 3 propositions destinées aux salariés-parents:
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Conférences: pour s’informer et s’inspirer auprès d’experts en parentalité
Parmi les thèmes abordés: l’adolescence, les enfants et les nouvelles technologies, les étapes de l’enfance, l’autorité et les limites, les nouveaux contours de la famille, le rôle du père dans le développement de l’enfant, une nouvelle approche des conflits parents-enfants par la négociation bienveillante.
Tous les conférenciers ont une forte notoriété, et sont auteurs de nombreux ouvrages.
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Ateliers de formation sur la communication parents-enfants: pour développer ses compétences parentales
Une méthode pragmatique, des outils accessibles à tous pour faciliter le quotidien, c’est la célèbre approche Faber&Mazlich. Du développement personnel dont les bénéfices sortent du cadre purement familial pour harmoniser les rapports humains, y compris dans le cadre professionnel.
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Coaching Parental: pour se faire accompagner et être soutenu
Pour les salariés qui le souhaitent, se faire accompagner individuellement pour trouver les ressources en soi et réaliser pleinement son projet éducatif.
Comment avez-vous choisi vos conférenciers ? Les connaissiez-vous avant de créer Parenting Conseil ?
J’ai exploré tout ce qui se fait sur le sujet de la parentalité, beaucoup lu, participé moi-même à des nombreuses conférences sur le sujet, interviewé des salariés-parents, questionné des DRH. Mes critères de choix ( ) pour les conférenciers que j’ai sélectionné pour intervenir en entreprise sont d’abord l’expertise de leur sujet et la notoriété (ils sont tous auteurs de nombreux ouvrages à succès), et bien sûr la maitrise de l’art de la conférence, ainsi que l’adhésion au projet de formation aux compétences parentales pour les salariés. J’ai également veillé à la diversité des profils pour apporter des éclairages variés aux parents.
Je connaissais certains conférenciers avant le lancement de Parenting Conseil et j’en ai découvert de nouveaux au fil de la création de mon entreprise.
Les 6 conférenciers qui animent les conférences de Parenting Conseil sont : Anne Bacus, Béatrice Copper-Royer, Michel Ghazal, Jacky Israël et Marcel Rufo.
Vous êtes également coach et faites de l’accompagnement individuel, quelles sont les problématiques récurrentes des parents ?
Avec le coaching parental, j’accompagne des parents confrontés à une difficulté particulière avec leur enfant, sans nécessiter le recours à une aide thérapeutique, ou qui traversent une période de questionnements.
Parmi les problématiques très courantes :
- pour les femmes: le sentiment d’être tiraillé entre l’aspiration à faire carrière et la volonté de bien remplir aussi son rôle de mère, l’impression d’être submergé par la charge mentale que représente l’organisation de la vie des enfants et du fonctionnement du foyer (l’intendance, les devoirs, les activités, la santé, la nounou, la gestion des imprévus etc…).
Et donc bien souvent : la culpabilité sous-jacente, la peur de ne pas y arriver, l’impression de se sentir seule pour affronter ses questionnements.
- des relations parents-enfants trop souvent conflictuelles, notamment mais pas seulement, avec des adolescents. Et donc les interrogations sur comment s’y prendre, par où commencer pour remettre de la sérénité et de la satisfaction pour parents et enfants.
- des difficultés d’autorité,
- des insatisfactions liées aux comportements des enfants face aux jeux vidéo, à internet et aux téléphones portables.
- et aussi, pour hommes et femmes : le poids des stéréotypes qui sont encore en vigueur dans de nombreuses entreprises : une femme avec enfants aura forcément moins d’investissement professionnel, un homme sera hésitant à afficher son investissement parental à cause du poids du regard de sa hiérarchie et de ses collègues.
Se faire accompagner permet à ces parents de sortir d’une spirale négative, ou de changer de prisme pour voir tout ce qu’ils/elles sont capables de mener à bien, en y retrouvant du plaisir de surcroît !
D’après vous, pourquoi l’entreprise doit-elle aujourd’hui accompagner les salariés-parents sur le volet de la parentalité ? N’est-ce pas un peu intrusif ? Est-ce le rôle de l’entreprise ?
C’était considéré comme intrusif il y a 15 ans, aujourd’hui ça ne l’est plus. C’est même attendu par les salariés-parents !
En effet, 70 % des salariés déclarent que leur entreprise ne fait pas beaucoup de choses pour les aider, en tant que salarié-parent, selon le Baromètre 2012 de la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale, mené par l’Observatoire de la Parentalité en Entreprise.
La frontière entre vie professionnelle et vie privée s’est beaucoup estompée et la porosité entre les deux sphères est grande aujourd’hui.
Quand le salarié s’investit fortement pour son entreprise, il s’attend à ce que celle-ci l’aide à gérer au mieux son temps familial, pour préserver un équilibre précieux.
Pourquoi l’entreprise apporterait-elle sa pierre à l’édifice de cet équilibre si fragile ? Tout simplement parce qu’elle y trouve son propre intérêt !
Des collaborateurs plus sereins dans leur vie familiale, sont plus enclins à s’investir professionnellement, sont plus créatifs, et collaborent mieux en équipe.
Et si, de surcroit, ce soutien à la parentalité a pour effet de mieux répartir les rôles parentaux entre homme et femme, en impliquant davantage les pères, alors il contribue à une plus grande égalité entre hommes et femmes dans la sphère professionnelle.
On commence d’ailleurs à mesurer l’impact des politiques de soutien à la parentalité pour l’entreprise, en terme de fidélisation des salariés (et donc de diminution des coûts de recrutement), de diminution de l’absentéisme et du stress. Un groupement d’entreprises chez nos voisins suisses a mesuré que 100 € investis en faveur de la parentalité rapportent 108 € à l’entreprise (source : le Livre Blanc Filapi/ Observatoire de la Parentalité en Entreprise, nov. 2012). (* cf note contextuelle en fin d’article)
On entrevoit bien là les bénéfices mutuels d’un soutien à la parentalité proposé par l’entreprise à ses salariés.
Souhaitez-vous ajouter autre chose ?
Oui, le soutien à la parentalité est un enjeu de société majeur aujourd’hui, il est temps pour l’entreprise d’y apporter sa contribution en facilitant, à moindre coût et avec de grands bénéfices pour elle-même, l’aisance de ses salariés dans la conciliation de leur rôle parental et de leur rôle professionnel. Et, on a tous à y gagner !
Et bravo Karen pour ce blog qui aide à faire bouger les lignes !
Merci beaucoup Anne-Catherine pour cette interview.
N’hésitez pas à laisser des commentaires et à poser des questions à Anne-Catherine Baseilhac !
D’ici peu, plus d’infos sur www.parentingconseil.com.
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Note contextuelle :
* Souvenez-vous de mon article du 26 mars 2010 où j’évoquais grâce à ma veille active, une analyse coûts – bénéfices d'une politique d'entreprise favorable à la famille qui a été menée en Suisse en 2005 > le retour sur investissement (ROI) a été estimé à 8 %. Les effets positifs pour l'entreprise se traduisent aussi par un taux de retour plus élevé des salariés à leur poste après la naissance d'un enfant, par l'allongement du temps de travail lors de la réintégration de l'entreprise et par une fréquence plus marquée des carrières menées en interne. D'autres effets positifs non quantifiables sont à prendre en compte : la motivation, la loyauté et la disponibilité des salariés.