L’économie sociale et solidaire, un secteur à part mais qui a un poids certain.
Le concept d'économie sociale et solidaire (ESS) désigne un ensemble d'entreprises organisées sous forme de coopératives, mutuelles, associations, ou fondations, dont le fonctionnement interne et les activités sont fondés sur un principe de solidarité et d'utilité sociale. 2,3 millions de salariés y travaillent soit 10,3 % de l’emploi en France.
Ces entreprises adoptent des modes de gestion démocratiques et participatifs. Elles encadrent strictement l'utilisation des bénéfices qu'elles réalisent : le profit individuel est proscrit et les résultats sont réinvestis. Leurs ressources financières sont généralement en partie publiques.
De manière générale, dans l’ESS, il y a une dimension plus forte d’engagement dans son poste de travail.
Pourquoi parle-t-on de qualité de vie au travail ?
En 2013, les partenaires sociaux ont signé le premier accord national interprofessionnel sur la qualité de vie au travail (ANI). Cette approche particulière de la place du travail dans la vie des salariés et la performance des entreprises s’installe progressivement et ceci même en temps de crise économique, comme la possibilité d’une voie nouvelle de progrès.
La qualité de vie au travail au sein de l’ESS
Le 1er baromètre de la qualité de vie au travail a été réalisé en octobre 2013 par la mutuelle CHORUM avec l’appui technique de l’institut de sondages CSA et le soutien du ministère chargé de l’ESS et de la consommation. Ce baromètre a permis d’obtenir une vision croisée de 6261 dirigeants et salariés d’associations (72%), mutuelles (19%), coopératives (3%) ou fondations (1%).
Un des objectifs de cette étude était de savoir si les salariés étaient plus épanouis dans le secteur de l’ESS que dans le secteur privé. Est-ce que la qualité de vie au travail est meilleure dans le secteur de l’ESS ?
Les résultats sont intéressants :
- 85% des salariés et 92% des dirigeants souhaitent continuer à travailler dans ce secteur,
- La qualité de vie au travail y est légèrement mieux perçue par les salariés que dans le secteur marchand, avec une note de 6,3/10 – contre 6,1/10 dans le secteur privé lucratif (étude de l’ANACT de 2013)
- 85% des salariés et plus de 93% des dirigeants apprécient le sens, la variété et l’utilité du travail.
Cependant, les salariés de ce secteur ont aussi un sentiment de dégradation de leurs conditions de travail surtout ceux qui ont vécu des fusions ou regroupement de structures.
Quant aux dirigeants, ils sont affectés par une pression temporelle constante (73%) et une charge de travail excessive (59%).
D’autre part, il faut aussi prendre en compte, comme dans les autres secteurs d’activité, la souffrance au travail et les risques psychosociaux.
Ces thématiques sont parfois plus prégnantes dans ces structures de l’ESS. En effet, les salariés ont un engagement très fort, qui se confond parfois avec leur vie personnelle. C’est le « syndrome du militant ». Les sphères professionnelles et personnelles sont donc très proches et ne permettent pas aux salariés de prendre le recul nécessaire face à certains conflits en entreprise. Ainsi, les conflits sont souvent plus violents et plus compliqués à résoudre.
Enfin, les risques psychosociaux, notamment le stress, sont liés à des caractéristiques des métiers de l’économie sociale (contact avec un public, horaires atypiques, morcelés, insuffisance de moyens matériels et humains, contraintes physiques, charges de travail excessives, pression temporelle…).
Il est intéressant également de savoir que des facteurs atténuant ces risques sont également présents : existence de collectifs de travail soudés, association des salariés au projet de la structure, démarches de prévention actives…
Et, si la qualité de vie au travail dépendait de la création et de l’animation de collectifs en lien avec des valeurs humaines fortes (vraiment mises en place et non affichées) au sein des organisations de tous secteurs d’activités ?