J’ai rencontré virtuellement Jean-Luc Durnez grâce à son message me présentant son dernier ouvrage « Avoir (ou non) la gueule de l’emploi ». J’ai tout de suite été interpellée par la thématique de ce livre traitant du monde du travail en général. J’ai proposé à Jean-Luc Durnez une présentation de son ouvrage sous forme d’interview. Il a accepté et je l’en remercie chaleureusement.
Jean-Luc, pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours professionnel ?
Après une maitrise de psychologie et l’IAE de Paris, après un début dans la gestion et l’informatique, j’ai été successivement consultant dans un cabinet de chasseur de têtes, directeur des ressources humaines dans le secteur humanitaire, directeur d’un organisme de financement de la formation professionnelle et directeur d’un syndicat d’employeurs associatifs dans les secteurs action sociale et santé. J’ai passé plus de 25 ans dans les ressources humaines.
Pourquoi avoir choisi d’écrire cet essai sur le sujet de l’emploi ?
Dans ma vie professionnelle, j’ai vécu plusieurs ruptures, parfois douloureuses. En tant que salarié, j’ai connu le parcours du « combattant » qu’est la recherche d’emploi, d’autant plus que « la crise » existe depuis le choc pétrolier à la fin des années 70. Les demandeurs d’emploi, notamment ceux de longue durée, et ils sont de plus en plus nombreux, sont les nouveaux « lépreux », rejetés et exclus. Plus les politiques évoquent le problème du chômage, plus il augmente. Or c’est le travail qui crée l’emploi. Par ailleurs, le travail reste une valeur largement positive. Posez la question à ceux qui en sont privés. Il y a certes la pénibilité, le stress, les petits chefs, la lutte des places … J’ai tenté d’avoir un regard un peu décalé sur ce qui nous occupe la plus grande partie de notre vie.
Votre essai alterne les références entre votre vécu et votre analyse des mécanismes du monde du travail et de l’emploi. Pourquoi ne pas avoir écrit uniquement votre témoignage ?
Un témoignage est sans doute intéressant. Le mien n’est pas forcément exemplaire, il est singulier. J’ai construit mon parcours en fonction d’un projet centré sur les ressources humaines et au gré des opportunités. Ce qui m’intéresse, c’est l’humain dans l’entreprise. Ce qui m’a semblé important, c’est de relier ce parcours à l’analyse du marché du travail, aux approches successives relatives à la gestion des carrières, à l’outplacement, à la gestion du temps, à l’apparition des nouveaux métiers et à celle des coachs en tous genres, …. Les acteurs de l’emploi sont devenus très nombreux, et c’est devenu aussi un vrai business ! J’ai tenté d’y voir un peu plus clair.
Le chapitre « L’emploi du temps » m’a particulièrement intéressée. Vous dites « les vies privées et professionnelles sont égrenées de contraintes et d’imprévus qui sont autant de menaces pour l’équilibre fragile entre les vies professionnelles et privées. » Pourriez-vous nous donner quelques conseils en matière d’articulation des temps de vie (pour les entreprises notamment) ?
L’emploi du temps et l’articulation entre la vie privée et professionnelle a beaucoup évolué avec le développement des nouvelles technologies (téléphone portable, mail,…) qui contraignent à un lien quasi-permanent avec les activités professionnelles. L’entreprise s’est elle-même adaptée avec le télé-travail et parfois la création de crèches d’entreprise pour faciliter le travail des mères de famille. Si les frontières entre les deux mondes, privé et professionnel, étaient plus étanches dans l’univers des usines, elles le sont moins avec l’augmentation des activités de services où le fonctionnement par projets et la relation-client ont remplacé le travail comptabilisé en heures. Les horaires variables, la gestion souple des congés permettent une flexibilité réciproque pour créer des zones à même d’absorber tantôt les débordements de la vie professionnelle, tantôt ceux de la vie privée. Ces arrangements n’excluent pas qu’à certains endroits, la densité du travail soit telle que le temps manque à certains pour faire un travail de qualité.
J’ai apprécié votre formule « il y a une vie après le travail. » Et, pour vous, cela se concrétise comment ?
Après le travail, il y a le temps consacré à la famille, au repos, au sport, aux évènements culturels, aux voyages, à la lecture, … voire à la méditation. Le travail n’est pas toute la vie. C’est quand on n’en a plus, que le travail prend toute « la tête »! Autrefois, on se mariait pour la vie et on avait souvent aussi un travail à vie. Pour le meilleur et pour le pire. Les évolutions sont telles qu’il est possible aujourd’hui de conjuguer plusieurs vies privées et professionnelles. Alors le plus important aujourd’hui est de s’employer à bien mener sa vie et ses petites vies successives ! Pour moi, l’heure de la retraite est arrivée. Et c’est le moment que j’ai choisi pour créer une petite entreprise de conseils. Le livre aussi est l’illustration que la période de transmission est venue.
Souhaitez-vous ajouter autre chose ?
A ceux qui en « prennent plein la gueule » aujourd’hui, ils ne doivent pas oublier qu’ils peuvent tous « avoir (ou non) la gueule de l’emploi ». Tout dépend comment ils « emploient » leur vie.
Merci Jean-Luc Durnez pour cette interview.
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Plus d’informations :
A propos de l’ouvrage « Avoir (ou non) la gueule de l’emploi » de Jean-Luc Durnez – Editions du Panthéon
Date de parution : 02 septembre 2013 – 272 pages
ISBN : 978-2754720823
Prix public : 19,40 euros
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