Jeudi 5 avril dernier, j’ai eu le plaisir d’assister aux quatrièmes rencontres des Elles de l’Auto sur la thématique suivante : “la mixité dans l’automobile : état des lieux et visions pour demain”. Souvenez-vous, j’avais écrit déjà un article sur les Elles de l’Auto à la même époque, l’année dernière.
Vous pouvez retrouver le programme ici.
Quatre temps forts ont rythmé cette journée passionnante :
- Présentation du baromètre TNS Sofres – Les Elles de l’Auto : Etat des lieux dans les entreprises où la mixité progresse. La situation a-t-elle évolué depuis la signature de la “Charte Les Elles de l’Auto” au Mondial 2010.
La tendance de l’enquête menée cette année auprès de salariés travaillant dans le secteur automobile (entreprises de plus de 1000 salariés) est plutôt positive par rapport à l’édition de 2011. Même si globalement les résultats ont mis l’accent sur les points suivants :
- 46 % des femmes pensent que les postes de direction sont inaccessibles (52 % en 2011)
- 39 % des femmes pensent que le congé maternité est un frein pour leur évolution.
- 43 % des femmes et 21 % des hommes modifient leur temps de travail à l’arrivée des enfants.
- Pour 42 % des femmes, l’entreprise ne facilite pas la flexibilité du temps de travail.
- Pour 61 % des femmes et 46 % des hommes : une politique volontariste est une bonne idée.
Les témoignages qui ont suivi les résultats de cette enquête étaient intéressants. En effet, Corinne Le Gentil, Directrice des Ressources Humaines chez Midas Europe, a indiqué la politique des “petits pas” était préférable à une démarche volontariste sur la question de la mixité dans le secteur automobile. Dans son entreprise, les actions suivantes ont été mises en place : signature d’accords sur la parentalité, flexibilité d’horaires pour les femmes enceintes…
Une des initiatives qui a de l’avenir est le fait de former les conjointes des franchisés au sein du campus de l’entreprise. En effet, très souvent, ce sont les conjointes du franchisés qui assurent l’accueil des clients, la comptabilité, etc…
Il y a également, selon Corinne Le Gentil, un vrai travail en amont à réaliser au sein des écoles sur le sujet de la mixité au sein du secteur automobile. Il est nécessaire également de s’ouvrir à d’autres mondes, à d’autres secteurs pour s’enrichir des bonnes pratiques sur le sujet.
Selon Bernard Cambier, Directeur Commercial France chez Renault, il est nécessaire de mettre en place plus de formations comportementales que de formations produits pour améliorer l’intégration des femmes au sein des concessions.
L’impact des réseaux de femmes en entreprise est également une donnée à prendre en compte. Claire Martin, Directrice de la Responsabilité Sociale de l’Entreprise et de la Fondation Renault et Annick Gentès-Kruch, Directrice de l’Université, PSA Peugeot Citroën ont clairement affirmé qu’”il ne se passe rien si on laisse faire la nature !” Il est nécessaire selon elles de mettre en place des politiques volontaristes pour notamment revisiter les processus RH au travers de la mixité. “Forcer les choses pour faire changer les mentalités.”
- Déjeuner-débat : la parentalité en entreprise
Au cours de ce déjeuner-débat animé par Jean-Rémy Macchia (journaliste à France Info), la parentalité en entreprise a été évoquée grâce à l’intervention d’Antoine De Gabrielli, au travers de son association Mercredi-c-Papa. En effet, il a bien mis en lumière la culture du présentéisme en France (confusion entre performance et rester tard au bureau) et également le plancher de verre pour les hommes (soumis aux stéréotypes de l’implication et de la disponibilité totale).
Laurent Feuga a mis en place un groupe de travail sur la parentalité au sein du réseau de femmes “Women@Renault. Ce groupe de travail essentiellement composé d’hommes permet de discuter de sujets de fonds et de faire émerger des pistes de solutions à destination des hommes et des femmes.
- Ateliers de formation (au choix parmi 5 thématiques)
J’ai choisi 2 ateliers proches de mon activité de conseil :
Le premier atelier a été animé par Elena Fourès, coach international et fondatrice du cabinet Idem per Idem : Comment réagir face à l’agressivité et aux provocations verbales et non verbales ? Je vous conseille vivement son dernier livre sur le leadership au féminin.
Le deuxième atelier a été animé par Muriel Morel, gérante de Formacom, formatrice et coach professionnelle certifiée, membre de ICF France (International Coach Federation) : mixité de genre et neuro-mythe, et si la mixité c’était aussi dans la tête ?
- Débat - Demain, devrons-nous trouver de nouveaux équilibres ? Sommes-nous à l’aube d’une nouvelle (r)évolution ?
J’ai assisté à la première partie de ce débat consacré à la rencontre avec la génération Y (quelles sont les aspirations des futurs acteurs du monde automobile ?)
3 intervenants pour discuter de ce sujet, modéré par Emmanuelle Gagliardi, Présidente Connecting-Women, co-auteure du “Guide des clubs et réseaux au féminin” :
- Jean-Luc Di Paola Galloni (Directeur des Affaires Publiques et du développement durable, Valéo)
- Emmanuelle Duez (Présidente et Co-fondatrice de Women Up, club de créateurs de liens, révélateurs de talents)
- François Fatoux (Délégué général ORSE, Observatoire de la Responsabilité Sociale des Entreprises).
Chez Valéo, Jean Luc Di Paola Gallono précise qu’il y a 40 % de femmes avec 20 % de femmes au Conseil d’Administration. Selon lui, il faut réintégrer au sein de l’entreprise le sens du devoir et de l’engagement.
Pour Emmanuelle Duez, la génération Y est une culture et cette génération Y amène la société à réfléchir sur comment repositionner l’humain en entreprise. De plus, la génération de jeunes entre 25 et 35 ans ont des aspirations fortes vis à vis de l’entreprise et n’hésite pas à poser des questions comme par exemple : à quoi va ressembler ma vie au sein de l’ entreprise ? Pourrais-je prendre mon mercredi après midi pour faire de la musique ? En tant que femme, vais-je m’épanouir dans votre société ?
Women Up propose des séances de brainstorming et de confrontation des politiques RH d’entreprises à un groupe de travail composé de jeunes ne travaillant pas dans l’entreprise en question. Ce qui permet à l’entreprise de corriger le tir sur certaines mesures à destination de la génération Y.
Pour François Fatoux, il est nécessaire de réinterroger l’entreprise, les conditions de travail, l’organisation du travail et surtout de remettre en cause la culture du présentéisme. Car en France, il y a une confusion entre compétences et disponibilité totale.
Cette journée dense et passionnante s’est poursuivie par un cocktail et la remise du trophée de la femme de l’année 2012. Il a été décerné à Marie-Christine Caubet, Présidente du Directoire de Volkswagen Group France. Vous pouvez lire le communiqué de presse ici.
Et vous ? Avez-vous une expérience à raconter dans le secteur automobile sur le sujet de la mixité ?
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Pour en savoir plus :
- Le site des Elles de l’Auto : http://www.elles-auto.com/
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Source de la photo : Etude TNS / Sofres
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